La vie est une chose bien étrange

Considérations d'une maman d'un merveilleux petit garçon de trois mois autour de la grossesse

Je n'aime pas être enceinte. Je n'ai pas aimé ça pour ma première grossesse, que j'ai assez mal vécue psychologiquement, surtout les deux premiers trimestres. Pour ma deuxième grossesse, ça a été pire : fatigue, maladies de la femme enceinte. Heureusement que j'avais désiré ce deuxième enfant parce que les « dommages » physiques m'ont un peu miné le moral.

J'ai choisi d'être suivie, pour ma deuxième grossesse, par une sage-femme que j'avais connue comme consultante en lactation. C'était un choix salutaire : cette dame a pris autant en compte mes bobos moraux que les petits problèmes auxquels j'ai été confrontée. Elle a su écouter sans juger, m'aider sans diriger. J'ai choisi de faire ma préparation à l'accouchement avec la même personne : je me suis un peu réconciliée avec mon gros ventre, ce gros ventre source de tous mes maux. Mais ce gros ventre aussi plein de la vie de mon fils, de mon amour de bébé. J'ai appris à mieux connaître les processus de la mise au monde d'un enfant : ce qui se passe au cours de la grossesse, ce qui se passe pour préparer la naissance, ce qui se passe ensuite lorsque l'enfant vient au monde. J'ai appris à mieux connaître aussi ce qui se passe dans les premiers temps des suites de couche. Je me suis approprié tous ces processus, les ai intégrés. J'ai appris à réellement faire de la place à mon bébé, à m'ouvrir à lui. De fait, j'avais l'impression que mon ventre prenait de l'ampleur après chaque séance de préparation.

J'ai eu peur lors de mon accouchement, peur parce que mon fils venait trop tôt, peur de ne pas l'aimer autant que sa sœur, peur que sa sœur ne m'aime plus, peur de plus être disponible pour ma fille, pour mon amoureux, pour mon fils à naître, pour nous tous. Léo est arrivé dans la souffrance, souffrance accrue à cause de la peur, mais sa venue est apparue comme une libération : peu importe ce qui arrivera, le sort est jeté et je peux aimer mon fils. Le reste, je le vivrai.

Les premiers temps ont été durs : il nous a fallu apprendre à nous connaître, Léo et moi. J'ai dû faire le deuil de la relation fusionnelle à laquelle je m'attendais (la copie de la relation que j'ai eue avec ma fille lorsqu'elle était tout bébé), j'ai été désarçonnée par ce garçonnet qui ressemblait tant à sa sœur mais qui a sa personnalité propre. Je regrettais les nuits intenses qu'il me faisait passer, le trouvais tellement chou lorsque je devais gérer un moment de crise avec sa sœur et qu'il se faisait alors oublier. Mon merveilleux Léo est un être à part, il n'est pas Zoé et j'ai dû l'apprendre. Mon merveilleux bébé n'est pas non plus un deuxième premier enfant, mais un véritable deuxième enfant. Je suis de ce fait moins disponible pour lui que je l'étais pour Zoé, et parfois ne pas être avec ma grande fille pour m'occuper de mon amour de fils me déchirait le cœur. J'avais comme une sensation de sacrifice. Léo m'a aidée, beaucoup : il a pris ce dont il avait besoin en me sollicitant la nuit, m'a aidée la journée, m'a donné ses premiers sourires. C'est un être magique.

Au bout de quelques semaines, j'ai repris rendez-vous avec ma sage-femme, pour la rééducation périnéale. Me voici au terme de six séances : j'ai fait un nouveau voyage en moi. J'ai appris à connaître chacun de mes muscles périnéens. J'ai recommencé, par ce biais, à prendre du temps pour moi. Après avoir appris à m'ouvrir, j'ai appris à me « fermer », à me ramasser. J'ai aidé mon corps à s'ouvrir pour faire venir au monde mon Léo ; j'ai aidé mon corps à se remettre et mes organes ont repris leur place définitive.

Aujourd'hui, enfin, je me rends compte réellement que je ne donnerai plus la vie.

Aujourd'hui, je suis un peu nostalgique.

Commentaires

1. Le samedi 14 mars 2009, 13:06 par Mamiette

Oh ! tristounet quand même tout ça même si c'est d'une grande tendresse

2. Le dimanche 15 mars 2009, 12:19 par Séverinette

Très beau récit. J'en ai les larmes aux yeux!!!

3. Le lundi 16 mars 2009, 18:08 par Sandr'

Séverinette : Te mettre la larme à l'œil n'était pas le but... Je désirais juste avoir un souvenir de cette étrange sensation...(J'ai eu raison d'écrire ça ! A peine quelques jours après, l'impression s'est déjà estompée.).

Maman : Mais non ce n'est pas tristounet. :D C'est la vie, et c'est bien ainsi !

4. Le jeudi 26 mars 2009, 18:21 par vanessma

Je te l'avais déjà dit mais je trouve ce texte tellement beau... Il me parle vraiment, c'est fou. Merci encore de partager ça.