Accouchement surprise

Léo, notre nouvelle merveille, a vu le jour ce mardi 2 décembre à 3 h 31. Il nous a surpris dans notre sommeil, alors que nous ne l’attendions pas avant - au mieux - une dizaine de jours.

Dimanche 30 novembre : Je crois perdre le fameux bouchon muqueux dont on rebat les oreilles de toute femme enceinte. Pour me rassurer, j’appelle la maternité : c’est bien ça, mais tant qu’il n’y a pas de contractions, pas besoin de s’alarmer. La perte du bouchon muqueux ne signifie pas grand-chose (a priori).

J’ai la sensation désagréable d’être en « sursis ». Ça ne s’était pas passé ainsi lors de ma première grossesse. Je me dis qu’il faut que je commence sérieusement à préparer la valise pour la maternité… Que prendre ? Je ne sais même pas ce qui est pris en charge par la maternité et ce que je dois amener. Bon, il faut que je lave et plie le linge pour le bébé en priorité, que je m’achète un pyjama… Ok, je fais ça demain.

Lundi 1er décembre : le bouchon continue de s’évacuer tranquillement. Je ne suis pas plus inquiète que ça. On file avec Dad acheter un pyjama, j’ai lavé et fait sécher le linge pour le bébé et moi. Reste à trier et plier le tout…

Vers 23 h 30 : « Tu sais, David, je pense qu’il faudrait que la valise pour la maternité soit terminée pour mercredi… Je ne sais pas pourquoi, mais je sens que ce bébé ne va pas rester au chaud très longtemps. Je suis même certaine qu’il arrivera avant le 15 décembre ! » David, moqueur : « Pour mercredi ou mercredi soir, la valise ? »

Mardi 2 décembre (vers 0 h 20) : je sens comme un truc désagréable : je me fais pipi dessus !!! Pourtant, j’y suis allée il y a peu, je pense. Puis, dans la fraction de seconde qui suit, je me sens envahie par une vague tiède, non douloureuse, qui nous inonde littéralement le lit et moi ! « David, … il va falloir se lever (David : « hmmm »)… DAVID (David : « Quoi ? ») !!! Je perds les eaux !! Il va falloir partir à la maternité !!! » Aussitôt, mon chéri d’allumer la lumière, de défaire les draps et l’alèse pour éviter que tout ne reste en l’état (quelle présence d’esprit !! ), d’aller me chercher une serviette.

Alors là, c’est la panique : Ce bébé est très en avance, trop ! Rien n’est prêt !!!

Commence alors une course effrénée à travers la maison : « Des affaires de bébé ? Où sont-elles ? Ah, je ne dois pas oublier ça… Que fait-on ? On réveille Bastien, comme il nous l’a proposé ? Que faire ? Mince, ça coule, courir aux toilettes… Zoé est réveillée… Oui, vient faire un câlin à Maman ! Tu sais, on va aller se promener, le bébé va arriver. Oui, prends des jouets pour Zoé ! Ah, très bien l’idée de prendre un lit ! On la laisse en pyjama ? Ne pas oublier les papiers de mon suivi de grossesse. Mince, ça recoule, courir aux toilettes. Oui, Zoé, tu peux jouer avec le calendrier de l’avent. Non, ça ne contracte pas. Tu as trouvé une valise ? Prends aussi des chaussettes pour le bébé. Non, je n’ai pas oublié l’appareil photo. Zoé, tu veux ton doudou ? Mince, je coule, j’en ai partout, courir aux toilettes. On fait quoi alors ? On appelle Bastien ? Attends, j’appelle la maternité, savoir ce qu’ils en pensent. OK, on tente d’y aller. Au pire, tu laisseras Zoé pour l’arrivée de ton fils. Tout ce qu’il y a avant, je gérerai seule. Tu vas être sage, Zoé ? Je charge la voiture. Mais non, ça va aller. »

Vers 1 h 00 : Départ pour la maternité. « L’avantage, c’est qu’il fait nuit, on n’aura pas de bouchon. C’est bizarre la différence entre les deux accouchements, tu trouves pas ? Non, ça contracte pas… Ah, si, tiens, voici la première. »

Vers 1 h 30 : J’embrasse David et câline bien fort ma Zoé. Je suis Amélie, l’apprentie sage-femme de garde, qui m’emmène en salle de naissance. Elle me place sous monitoring (« oui, ça contracte, sur une échelle de 1 à 10 ?, mettons 4, ça gêne mais c’est gérable. »). Elle prend ma tension, RAS…

Vers 2 h 10 : Visite de l’anesthésiste. Je viens d’apprendre que la moitié du travail d’effacement du col est fait ! Nous remplissons ensemble le questionnaire nécessaire à toute intervention. Il m’annonce qu’on va me faire un prélèvement.

Vers 2 h 30 : On me fait ce fichu prélèvement sanguin… J’ai de plus en plus mal, mais je gère. Je commence à avoir sérieusement les pétoches pour la suite.

Plus tard : Mince, j’ai mal là, vraiment mal… Oui, ben le col est presque totalement effacé. Le bébé descend. Il appuie partout. Les contractions se rapprochent. Amélie, est toujours là, accompagnée de son gentil sourire et de ses paroles rassurantes. David va régulièrement voir Zoé, qui reste sagement avec les dames de l’accueil. Mon chéri arrive à passer pas mal de temps avec moi… OUF ! Je panique un peu, mais il est là… En fait, je panique beaucoup. Je me traite de tous les noms d’oiseaux (« Mais pourquoi j’ai voulu accoucher sans péri Mais quelle Co..e !!! Nan mais c’est pas possible !!!! »). Les sages-femmes se font « maternantes » : de toute manière, on n’a pas les résultats des analyses, le col est totalement ouvert, la péri, ç’aurait été pour une autre fois, une personne qui accoucherait moins vite gna gna… OUIN, mais quand même : POURQUOI J’AI VOULU ACCOUCHER SANS PERI, MOI ??? [1]

Encore plus tard : « Vous voulez vous mettre sur le côté ? Vous êtes bien comme ça ? tenez votre cuisse, Poussez !! Plus fort ? Il regarde certainement vers le ciel… Retour sur le dos, Poussez !! Arrêtezzzzzzzzzzzzzz de pousser !! La tête est sortie… »

3 h 31 : On me pose un petit paquet tout blanc sur le ventre… Mon fils, notre fils. Il est parfait ! Il n’est pas gros non ? Il ne doit pas être plus gros que Zoé, je pense… Il ressemble à Zoé !!! David coupe le cordon, nous sommes ensemble pour accueillir ce petit ange, le reste n’a plus d’importance.

Presque le matin : David et Zoé sont partis depuis au moins heure, maintenant. On me monte dans ma chambre, j’avale un premier petit déj’, je bois tout mon soul, j’ai faim comme rarement et encore plus soif. Léo a eu sa tétée de bienvenue, il sait bien téter, je sais que ça va aller même si c’est un petit prématuré. Je suis fatiguée, un peu triste de ne pas avoir David et Zoé avec moi, pour un petit moment ensemble… Je n’arrive pas à dormir, qu’à regarder mon fils, cet inconnu déjà chéri. On me propose le petit déjeuner une deuxième fois, en même temps que tout le monde : Oh oui !!! J’ai encore faim et soif…

Si j’avais peur de ne pas pouvoir aimer ce petit Léo autant que Zoé, je sais aujourd’hui que l’amour ne se partage pas entre les enfants, il s’additionne.

J’envoie tout mon amour à David, si présent pour moi en cet instant magique et néanmoins intensément douloureux, à ma Zoé, si calme malgré les circonstances et à Léo, nouvel habitant de cette terre, tant attendu et enfin là.

Notes

[1] Merci à la sage-femme qui a suivi ma grossesse et m’a préparée à un accouchement « naturel », à Amélie pour sa présence et son sourire rassurants, aux deux sages-femmes qui m’ont aidée à accoucher… A Léo, d'être arrivé si vite...

Commentaires

1. Le lundi 8 décembre 2008, 16:12 par Elmira59

ton récit est émouvant, j'en ai les larmes aux yeux... encore une fois "chapeau" (;) ) felicitations aus parents et a la grande soeur, et bienvenue a Léo!

2. Le mardi 9 décembre 2008, 16:57 par angun85

Accouchement surprise! C'est tellement beau à lire! Ca me donne envie d'accoucher moi aussi mais mon ptit bout est toujours au chaud dans mon bidou! Encore toutes mes félicitations à la petite famille qui s'agrandit!

3. Le jeudi 11 décembre 2008, 14:28 par Sandr'

Merci les filles pour vos messages !! J'ai hâte de suivre vos aventures à vous...
Bises